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Thu, 17 Jan 2008 10:48:25 +0100
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- COMMUNIQUÉ - 

Collections 

L¹exception française en question


 

Les professionnels des musées de France, soucieux de la protection et de la
transmission du patrimoine, prennent position contre la proposition de loi
déposée par M. Jean-François Mancel, député de l¹Oise, en octobre 2007.

Cette proposition de loi prétend ³établir une réelle liberté de gestion des
établissements culturels² en rendant possible la commercialisation de
certaines ¦uvres, à travers leur vente ou leur location. Elle remet en
question un principe auquel les professionnels des musées, comme les
associations d¹amis de musées et la plupart des donateurs, sont très
attachés : l¹inaliénabilité des collections publiques.

Cette proposition dangereuse entend établir une distinction entre deux
catégories de biens constituant les collections de musées de France : les
³Trésors nationaux² qui resteraient inaliénables, et les ³¦uvres libres
d¹utilisation², commercialisables.

Cette distinction introduit une radicale hiérarchie entre les chefs d¹¦uvres
et  les ¦uvres jugées sur le moment secondaires. Or l¹histoire des musées
démontre la relativité de ces jugements de valeur : le musée d¹Orsay ou le
musée du Quai Branly n¹auraient pas vu le jour  si l¹on avait au préalable
vendu le contenu des réserves du Louvre ou du musée de l¹Homme à l¹époque où
ni les peintres ³pompiers², ni les arts premiers ne faisaient recette ! Elle
risque par ailleurs de jeter le discrédit sur des pans entiers du
patrimoine, historique, archéologique, ethnographique, industriel ou
maritime, auquel nos concitoyens sont attachés parce qu¹ils en sont proches.

Nous sommes attachés au principe de l¹inaliénabilité des collections parce
qu¹il est étroitement lié à une éthique des collections et à une déontologie
professionnelle  des métiers qui concourent à la gestion, à la conservation
et à la valorisation de ces collections. Ce principe qui fonde la conscience
d¹un héritage collectif commun est l¹une des motivations qui encouragent des
personnes privées à enrichir le patrimoine public, depuis deux siècles, par
la générosité de leurs dons ou legs. Peut-on aussi légèrement abuser de leur
confiance, et revenir sur des engagements pris depuis des décennies de
conserver, étudier et  mettre en valeur cet héritage qu¹ils nous ont confié
le soin de transmettre aux générations futures ?

La richesse des collections publiques françaises est le moteur d¹une
politique culturelle que nous envient de nombreux pays, un élément majeur de
l¹attractivité culturelle de la France et, indirectement, l¹un des supports
d¹une industrie touristique exceptionnellement forte. Ignore-t-on que ce
patrimoine s¹est construit au long de deux siècles, et que cette
sédimentation a permis à notre pays d¹être doté d¹un réseau de collections
publiques qui n¹a guère d¹équivalents ?

Les arguments  en faveur de la commercialisation de nos collections  sont
les besoins de financements publics et la charge que représenteraient des
réserves  encombrées. L¹aliénation des ¦uvres apporterait à court terme les
financements dont les institutions culturelles ont besoin pour se
développer. C¹est méconnaître que c¹est grâce aux ¦uvres non exposées en
permanence que peuvent se monter la plupart des expositions temporaires, que
peuvent aussi être prêtées des pièces permettant une coopération fructueuse
entre les musées en France comme  au plan international. C¹est ignorer que
les ¦uvres non exposées font également l¹objet de recherches, d¹études, d¹un
travail de documentation et d¹un recueil de savoirs qui permettront demain
de les mettre en valeur en les rendant accessibles : les musées ont aussi
des fonctions pédagogiques, éducatives, et sociales qui ne relèvent pas de
la simple commercialisation de leurs ¦uvres.

Reste la question de l¹accroissement mécanique des collections, fruit du
soin mis à leur conservation, mais aussi de l¹élargissement, au cours de ces
dernières décennies, de la notion de  patrimoine culturel. Soucieux de leurs
responsabilités, les professionnels se posent depuis quelques années la
question d¹une gestion plus dynamique du patrimoine dont ils ont la charge.
Le législateur  nous a dotés, à travers  la loi sur les musées de France,
intégrée dans le code du patrimoine, d¹outils permettant le déclassement, le
transfert, la circulation des ¦uvres dans les musées de France. Ces outils,
jusqu¹ici assez peu utilisés, nous offrent la possibilité d¹agir dans le
cadre de la Loi existante.

Utilisons avec plus d¹imagination les ressources qu¹elle propose pour mettre
en commun, faire circuler, échanger, transmettre les collections publiques.
Efforçons nous d¹enrichir les collections avec encore plus de rigueur et de
concertation entre institutions, afin d¹éviter les doublons inutiles.
Recherchons des solutions pour mieux gérer les collections en réserve, les
faire circuler au moyen de dépôts et d¹expositions. Poursuivons la réflexion
sur les collections ³d¹étude², qui ne seraient définitivement inscrites sur
les inventaires qu¹après  un temps de purgatoire permettant  un évaluation
sereine de leur intérêt.

Nous appelons à des assises professionnelles pour en débattre et formuler
des propositions en faveur  d¹une gestion dynamique et rigoureuse des
collections publiques françaises,  dans le cadre des principes éthiques et
déontologiques qui sont au c¦ur de nos professions, et dont l¹inaliénabilité
des collections publiques constitue un principe essentiel.



________________________________________

Dominique Ferriot

Présidente du Comité français du Conseil International des Musées (ICOM -
France)

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Julie Guiyot-Corteville

Présidente de la Fédération des Écomusées et des Musées de Société

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Christophe Vital

Président de l¹Association générale des Conservateurs des Collections
publiques de France

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________________________________________



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