J'ai lu le premier rapport sur les travaux du comité INTERCOM à Séoul
et j'ai lu avec intérêt la note de Marta de la Torre dont je partage
l'analyse sur la situation actuelle de l'ICOM et sur les dangers que
court l'association.
En ce qui concerne le problème des restitutions d'objets d'art,
j'aimerais faire quelques observations sur la proposition de Marilyn
Phelan à propos de la possibilité que l'ICOM "creates a mechanism
for ther resolution of cultural property disputes between museums and
others". L'idée est bonne mais elle est peu praticable pour des
raisons objectives.
Avant tout je fais remarquer qu'il peut il y avoir toutes sorte de
controverses en ce qui concerne le retour des oeuvres d'art aux pays
d'origine:
1 controverses relatives aux objets acquis sur le marché clandestin
2 controverses relatives à des objets acquis illégalement mais de
bonne foi, par ignorance des lois des pays d'origine des objets
3 controverses relatives à des objets acquis illégalement à cause
d'un défaut de certification d'origine
4 controverses relatives à la restitution des objets détournés
illégalement à des personnalités privées ( par exemple restitution
des biens volés aux juifs pendant le nazisme )
5 controverses pour la restitution de biens considérés propriété
morale de minorités culturelles
Pour toutes ces controverses les musées sont rarement les acteurs
principaux. Pour tous ces cas les gouvernements sont concerné
directement, parfois l'UNESCO se trouve dans la situation du
médiateur. Cela arrive aussi au cas où la controverse existe entre
des musées privés, entre un musée privé et un musée public, entre un
musée privé et des associations de citoyens ou des citoyens agissant
isolés.
Les raisons pour lesquelles une intervention institutionnel de l'ICOM
est difficile sont les suivantes:
1 L'ICOM est une association indépendante, reconnue par l'état
français sur la base de la loi 1901. Comme toute ONG, elle n'est pas
reconnue officiellement à l'international. Cela prive l'ICOM de la
possibilité d'intervenir de manière institutionnelle dans les
controverses entre gouvernements à propos de la restitution des biens
culturels.
2 l'ICOM n'a jamais été appelée par les grands musées pour trancher
sur des questions de restitution. Au contraire, les 18 grands musées
du monde ont souscrit un document sur le musée universel ( qui est en
fait une déclaration contre les restitutions ) en toute autonomie par
rapport à l'ICOM sans consulter le comité de déontologie de
l'association. De toute évidence, l'ICOM n'a pas été retenue en
mesure de jouer un rôle sur ce sujet.
3 l'ICOM à mon avis ne jouit pas d'une autorité suffisante vis à vis
des grands musées et des gouvernements pour pouvoir lui permettre
d'arbitrer dans des controverses entre musées et gouvernements sans
avoir une figure internationale reconnue.
Au jour d'aujourd'hui, dans le cas de controverses relatives à des
restitutions d'objets appartenant au patrimoine, entre musées ou
entre gouvernements, l'ICOM peut proposer son intervention et donner
des conseils ( comme le comité de déontologie s'est toujours proposé),
mais ne peut pas faire grand chose de plus. L'ICOM peut avoir un
rôle uniquement si les deux parties l'acceptent volontairement comme
médiateur, chose que rien ne les oblige à faire.
Pour que l'ICOM puisse endosser un rôle écouté de médiateur au cours
des controverses relatives à des restitutions, il est nécessaire
qu'il en soit officiellement chargé par un organisme international,
par exemple l'UNESCO, ou qu'il soit autorisé à s'investir en son nom.
Pour obtenir cela, il est toutefois nécessaire que l'ICOM soit
reconnue comme une organisation influente et donc légitime en ce
domaine.
En l'état actuel il ne paraît pas que cela corresponde à la réalité;
il suffit de penser que l'ICOM n'a pas été informé récemment par
l'UNESCO de la signature d'une convention entre l'UNESCO et le
gouvernement italien de l'institution d'une force de frappe
technico-culturelle, en mesure d'intervenir pour la défense du
patrimoine dans des situations d'urgence. Et cela en dépit du fait
que l'ICOM ait promu un programme sur ce sujet et ait tenté de mettre
en action l'organisation dite Bouclier Bleu;
Il m'apparait évident que l'action de l'ICOM se soit limitée, dans ce
cas au moins, à une déclaration d'intentions ou d'étude du problème,
sans passer à des propositions opérationnelles. Comme j'ai déjà eu
l'occasion de le dire, l'ICOM est destiné à croître en influence,
s'il souhaite acquérir la légitimité nécessaire pour occuper un rôle
actif, reconnu dans le monde entier.
Giovanni Pinna
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