Le tourisme culturel durable
Lors des réunions tenues en juin 2008 à Paris, les représentants de l’ICOM
ont défini le thème de la Journée internationale des musées 2009 : Musées et
tourisme.
Étant donné que le tourisme est le troisième plus grand facteur économique
au monde et qu’il touche de nombreux groupes de la société ainsi que des
paysages et des sites, les musées et les organisations muséales peuvent
jouer un grand rôle dans le développement du tourisme culturel durable.
L’an passé, l’ICOM et la Fédération mondiale des amis des musées (FMAM) ont
rédigé une déclaration mondiale sur le tourisme culturel durable. Vous
trouverez ci-joint des documents de l’UNESCO, l’ICOM, l’ICOMOS,
l’Organisation mondiale du tourisme et les Nations Unies sur le tourisme
culturel et le développement durable.
Veuillez considérer la Déclaration 2007 de l’ICOM/FMAM sur le tourisme
culturel durable comme un document de travail pour préparer la Journée
internationale des musées 2009.
Hans-Martin Hinz
Co-Président du groupe de travail ICOM/FMAM sur le tourisme culturel
durable, Membre du conseil exécutif de l’ICOM
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Le tourisme culturel durable
Déclaration du Conseil international des musées (ICOM) et de la Fédération
mondiale des amis des musées (FMAM) pour un tourisme culturel durable dans
le monde entier. (décembre 2007)
L’ICOM et la FMAM se sont donné pour mission éthique de veiller à ce que le
tourisme se développe dans le respect des cultures du monde entier, et que
les comportements et les approches prennent en considération non seulement
le patrimoine matériel et immatériel, mais aussi le présent de ces cultures.
La connaissance des destinations touristiques, des cultures environnantes,
de leur patrimoine naturel et historique ainsi que de leur importance
scientifique et de leur beauté devrait aboutir à une meilleure compréhension
parmi la population locale, lui permettant ainsi de renforcer sa propre
estime et son identité culturelle.
Le tourisme culturel durable implique de multiples entités, parmi lesquelles
les touristes, la population locale, les musées, les sites archéologiques,
les paysages, les agents de tourisme et les pouvoirs publics.
Par conséquent, il est nécessaire de sensibiliser l’ensemble de ces entités
à ces questions et de leur enseigner les bonnes pratiques de gestion. Le
tourisme culturel durable ne concerne pas seulement les touristes en visite
dans des pays étrangers, comme le sous-entend le document « Le touriste et
le voyageur responsables ». On recense également un grand nombre de
touristes intérieurs (spécialistes, associations, etc.) qui exercent une
incidence identique sur les musées et les monuments.
Pour atteindre ces objectifs, les musées doivent s’adresser aux touristes de
manière plus directe qu’ils ne le faisaient jusqu’à présent. Le contenu
éducatif d’un musée doit contriber à l’histoire, à la culture et à
l’environnement en prônant le renforcement des connaissances, la
modification des comportements et une plus grande tolérance. De la sorte, le
respect pour d’autres modes de vie, religions, points de vue et conditions
sociales sera favorisé, et l’impact du tourisme sur l’environnement sera
diminué.
L’ICOM et la FMAM estiment que des touristes mieux informés et préparés au
contact avec d’autres cultures et avec les réserves naturelles contribuent
au développement durable et positif ainsi qu’à la protection des paysages et
des sociétés. Il est donc crucial que ces connaissances et ces compétences
soient transmises aux touristes. Ceci est particulièrement vrai du fait que,
fréquemment, les touristes ont un comportement très éloigné de leur vie
quotidienne, reflétant de ce fait des modèles sociétaux et éducatifs qui ne
répondent pas nécessairement aux attentes ou aux opinions de ceux qui
habitent dans les endroits qu’ils visitent.
En conséquence, l’ICOM et la FMAM encouragent les voyageurs – tout comme les
populations indigènes des destinations touristiques – à s’informer sur le
phénomène de « touristification » du pays et des cultures auquel le tourisme
de masse peut conduire. Bien souvent, il reflète les désirs des touristes
(culture de vacances) et affecte la culture de service du pays de
destination, ainsi que toute sa culture au sens large. Les voyageurs doivent
être conscients de l’impact du tourisme en termes économiques ; par
ailleurs, ils doivent aussi comprendre que certaines attentes et attitudes
sont susceptibles de menacer la gestion des sols et de la nature et
d’entraîner d’éventuelles modifications du comportement parmi les
populations visitées.
« Appréciez, ne détruisez pas », telle doit être la devise ultime de tous
les acteurs impliqués dans le tourisme.
L’ICOM et la FMAM soutiennent qu’un changement des comportements et une
meilleure compréhension engendrent de nouveaux modes holistiques de
préservation des écosystèmes dans les destinations touristiques, et
contribuent à protéger l’originalité de la culture des communautés visitées
dans leur ensemble (et pas seulement de la fraction de la population
directement concernée par le tourisme).
L’ICOM et la FMAM sont convaincus que les musées et les amis des musées
peuvent apporter une contribution éducative, culturelle et politique
importante au développement durable du tourisme, et aider de cette manière
l’UNESCO à atteindre ses objectifs pour 2005-2014, la « Décennie des Nations
Unies pour l’éducation en vue du développement durable ».
L’ICOM et la FMAM voient dans la « Proposition pour une Charte de principes
pour les musées et le tourisme culturel », formulée par l’ICOM lors d’une
conférence en Bolivie et au Pérou en 2000, un cadre de travail commun pour
les initiatives futures, en matière de tourisme culturel durable. Certains
paragraphes en particulier doivent être pris en considération :
Introduction
« Le patrimoine culturel ne peut ni devenir un produit de consommation, ni
l’objet d’un contact purement superficiel pour le visiteur. Si une certaine
identification est possible, le visiteur, mieux à même de mesurer la valeur
du patrimoine et la nécessité de le protéger, deviendra l’allié des musées.
»
Principe nº 3
« En matière de tourisme culturel, les musées doivent promouvoir la
participation active des communautés locales à l’organisation de la gestion
du patrimone comme à celle de l’exploitation touristique. »
« Les musées doivent encourager les communautés à gérer leur patrimoine
culturel et à acquérir la formation nécessaire. »
Principe nº 4
« Il est important de prévoir des parcours touristiques utilisant des
programmes temporaires et organisés suivant un calendrier qui les rende
accessible tant aux populations locales qu’aux touristes étrangers.
Les musées et le tourisme culturel doivent encourager l’interaction entre
les visiteurs et la communauté hôte, dans un cadre respectueux des valeurs
et de l’hospitalité de celle-ci. »
L’ICOM et la FMAM reconnaissent également les documents rédigés par
l’Organisation mondiale du tourisme (l’OMT) en 1999 (le « Code mondial
d’éthique du tourisme », adopté par l’Assemblée générale des Nations-Unies
en 2001) dans lequel il est stipulé que « Les politiques et activités
touristiques sont menées dans le respect du patrimoine artistique,
archéologique et culturel, qu’elles doivent protéger et transmettre aux
générations futures ; un soin particulier est accordé à la préservation et à
la mise en valeur des monuments, sanctuaires et musées […] » et en 2005 («
Le touriste et le voyageur responsables »)
Les deux organisations croient fortement, à l’instar de la « Charte
internationale du tourisme culturel » du Conseil international sur les
monuments et les sites (ICOMOS), que « les opérations de mise en valeur des
ensembles patrimoniaux doivent assurer aux visiteur une expérience
enrichissante et agréable ».
L’UNESCO, l’ICOMOS, l’Organisation mondiale du tourisme ont chacune élaboré
leur charte du tourisme. Au-delà de leur importance, ces documents semblent
tous se focaliser presque exclusivement sur le pays d’accueil et ses
institutions, en soulignant les mesures qui doivent être mises en œuvre et
en adoptant une posture défensive à l’égard de la protection des biens
historiques et culturels.
Mais qui s’intéresse aux touristes eux-mêmes ? Qui essaie de les intégrer à
ce processus ? Trop souvent les codes et les stratégies se résument à une
série de déclarations, qui traitent le visiteur comme un agent passif et
s’abstiennent de l’impliquer. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de
code de conduite à observer pour les visiteurs.
En tant que troisième plus grand facteur économique dans le monde, le
tourisme, qu’il soit national ou international, a une portée mondiale. Les
musées présents dans le monde entier touchent les individus présents aussi
bien dans les régions de provenance du tourisme que dans ses destinations.
Ainsi, les efforts pédagogiques des musées pour remplacer les idées rigides
sur la culture et l’utilisation des sols par une notion dynamique de culture
et de gestion durable de la nature dans le respect de l’environnement ont de
grandes chances de réussir.
Les musées doivent être intégrés toujours davantage aux concepts du tourisme
afin qu’ils puissent exercer une influence sur les décideurs économiques et
gouvernementaux lors des processus de planification, et atteindre les
touristes de manière plus directe.
L’ICOM et la FMAM ont pour vocation de sensibiliser les musées et les amis
des musées du monde entier sur le sujet du tourisme culturel durable par
l’intermédiaire des activités globales de ces associations, comme la Journée
internationale des musées.
http://icom.museum/declaration_tourism_fr.html
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