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Mon, 8 Sep 2003 10:44:55 +0200
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Dear ICOM colleagues,

I put in this email a letter to Mr Koichiro Matsura (and Mr Jean
Gueguinou French UNESCO Ambassador) about the process for an UNESCO
Convention for the Safeguarding of the Intangible Heritage of the World.

Michel Van-Praët
French ICOM Committee

Paris le 29 août 2003


Monsieur Koichiro Matsuura
Directeur général de l'Unesco
7, place de Fontenoy
75352 Paris 7 SP



Monsieur le Directeur général,


J ai consulté avec un extrême intérêt "l Avant-projet de convention
internationale pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » et
votre rapport.
J apprécie vivement l a démarche de l UNESCO et l étendue donnée au
concept. Mon intérêt pour ce domaine m amène néanmoins à vous faire part
de deux remarques.

Je suis persuadé que la protection de ces patrimoines ne sera possible
qu en associant les peuples, les gouvernements et les professionnels. Je
suis de ce point de vue inquiet d une démarche qui associe aussi peu les
professionnels et les ONG où ils se regroupent pour mettre en oeuvre au
quotidien la conservation de ces patrimoines y compris par des actions
de sensibilisation des populations et des politiques. Je pense
naturellement à l ensemble des réflexions et actions d ONG comme l ICOM,
l IFLA, l ICA ou l ICOMOS dont je regrette que l UNESCO n ait pas pris
la mesure et souhaite vivement que la réflexion en cours associe
davantage ces ONG.

Par ailleurs je suis personnellement inquiet d une définition qui, en
dépit de ce qu elle affirme, est foncièrement réductrice à certains
aspects culturels en y incluant peu les savoirs techniques et pas les
savoirs scientifiques.

La création scientifique et les connaissances qui y sont liées
constituent un élément fort du patrimoine de l humanité et une
composante essentielle de la culture, dont les processus relèvent
largement des principes du patrimoine immatériel.
La perte de telles connaissances tout au long de l histoire des
civilisations est malheureusement là pour nous le rappeler, que de
siècles il a fallu pour réadmettre la rotondité de la Terre &
Inclure la création et la culture scientifique dans la réflexion sur le
patrimoine immatériel m apparaît comme une nécessité dont j espère
pouvoir vous convaincre sachant votre implication dans ce projet majeur
sur le patrimoine immatériel.

Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur général, en mon profond
dévouement et demeure à votre disposition.






Professeur Michel Van-Praët
Président du Comité français de l ICOM
Membre de la commission française de l UNESCO


Copie :
Monsieur l'Ambassadeur de France auprès de l'Unesco
Monsieur Jean Gueguinou
Délégation de la France auprès de l'Unesco
1, rue Miollis
75732 Paris cedex 15




PJ
© Patrimoine naturel et culture scientifique, l intangible au musée. In
Patrimoine et identité, 2002, sous la dir. B. Schiele. Multimondes éd.
Québec, p.65-76.


Patrimoine naturel et culture scientifique, l intangible au musée.
Michel Van-Praët

Muséum national d Histoire naturelle Paris


L introduction du patrimoine naturel dans le champ d intérêt des musées
pose depuis son origine au XIXe siècle, la question de la relation,
encore en débat, du musée et du patrimoine intangible.
Sans traiter des diverses acceptions du concept de patrimoine naturel,
il englobera ici aussi bien les acceptions restreintes centrées sur la
protection des espèces vivantes que celles qui l élargissent aux
sociétés humaines et à leurs pratiques dans tel ou tel environnement,
nous introduirons quelques remarques pour souligner combien les musées
de sciences sont traversés et transformés par le concept de patrimoine
intangible. Nous privilégierons le terme   intangible  , à   immatériel
  car il s agit souvent de patrimoines qui, s ils ne relèvent pas du
toucher, relèvent bien de différents états de la matière.

Patrimoine naturel et restructuration du musée au XIXe siècle.

La nature et l environnement tissent avec les musées des liens soumis
aux représentations scientifiques et sociales que nos sociétés ont eues,
et ont aujourd hui, non seulement de la nature, mais aussi du patrimoine
et bien sûr du musée. La dimension actuelle du musée comme lieu de
communication ne doit pas masquer un élément essentiel. C est dans la
seconde moitié du XIXe siècle que les musées scientifiques substituèrent
à la monstration globale de leurs collections, leurs premières
expositions et que les concepts de l écologie prirent naissance, cela
non par coïncidence, mais en écho (Van-Praët, 1989, 1994). Repartir de
la fonction scientifique et patrimoniale du musée permet d enrichir
l analyse de ce phénomène qui conduit à notre vision contemporaine du
musée : institution de conservation des productions de la nature et du
génie humain (pour prendre les expressions fondatrices des musées du
XVIIIe siècle), et lieu de communication culturelle vers un public
élargi, jouant sur les registres du savoir et de la délectation (pour
prendre les actuelles expressions de l ICOM). Prendre le point de vue de
l historien analysant la genèse du musée permet par exemple de préciser
les propos de J. de Rosnay dans l ouvrage   L environnement entre au
musée   (Davallon et al. 1992)   l écologie jette les fondements d une
nouvelle culture de la complexité   (p. 40). En effet, si l on considère
la transformation, dans le courant du XIXe siècle, de la vision que le
monde occidental a de son environnement naturel et culturel, l écologie
apparaît comme l un des produits de cette transformation de la pensée,
et non comme l un des éléments initiateurs de cette   nouvelle culture  .
L écologie n est en fait que l une des résultantes de la démarche
scientifique d exploration de la complexité des processus, qui se
développe au XIXe siècle dans les universités et leurs cabinets, ainsi
que les musées scientifiques ayant alors parfois, comme en France, une
certaine autonomie vis-à-vis de l Université (Van-Praët et Fromont,
1994). Cela n ôte rien au fait que l écologie participe d une vision
systémique et d une nouvelle culture de la complexité, du moins dans la
culture occidentale (à considérer d autres cultures l on peut trouver
des approches anciennes plus systémiques et globalisantes qu en
Occident, dont certaines structurent toujours des pratiques
scientifiques et techniques comme par exemple la médecine chinoise). Ce
qui se joue à partir du début du XIXe siècle en Europe, puis en Europe
et en Amérique à la fin de ce siècle, c est la prise en compte de la
nécessité de ne plus se limiter à l inventaire et à la description de
chaque élément de notre univers naturel et culturel pour en permettre la
compréhension, mais au contraire de celle d en explorer également les
processus naturels, sociaux & pour en approfondir la maîtrise et la
connaissance.
Dans le domaine de l histoire naturelle la prise en compte des processus
régissant les éléments naturels se développe et se traduit d abord dans
l exploration des phénomènes diachroniques. Ainsi l étude des relations
des espèces dans le temps se traduit dans un premier essai de
présentation globale de l évolution des formes de vie dès 1809 chez JB.
Lamarck (1744-1829) ; l Suvre de C. Darwin(1809- 1882) et sa diffusion
dans la seconde moitié du XIXe témoigne, au-delà de divergences sur les
processus, de l adoption par la communauté des biologistes européens des
concepts de transformation et d évolution de la vie. Avant la synthèse
des concepts écologistes dans le dernier tiers du XIXe, c est, après les
concepts évolutifs, l approfondissement de ceux d individu et l analyse
des processus physiologiques, qui sont clarifiés et rapidement admis à
la suite des travaux initiés par Claude Bernard (1813-1878).
Ce transfert d intérêt des objets vers les processus, cette mise en
perspective des faits dans tout le XIXe siècle n est pas l apanage des
sciences naturelles et mais de toute la pensée de l époque. Par exemple,
de manière contemporaine à Lamarck, le philosophe Hegel (1770-1831)
initie une nouveau concept dialectique des rapports socio-historiques
dont Marx (1818-1883) établit une synthèse à partir du milieu du siècle.
Dans un tout autre domaine comme celui des arts, la figuration
naturaliste du paysage se trouve à la même époque restructurée, comme en
témoigne par exemple le mouvement des Impressionnistes.
Dans les sciences de la nature, de nouvelles disciplines se créent et
forgent des termes pour se définir :   biologie   (Lamarck, 1802),
paléontologie   (1834, sur la base des travaux de G. Cuvier, 1769-1832),
  psychiatrie   (1842), ou se donnent de nouvelles définitions :
physiologie   (  science qui a pour objet d étudier les phénomènes des
êtres vivants et de déterminer les conditions matérielles de leur
manifestation   C. Bernard). Si le terme   écologie  , qui définit
l exploration des phénomènes non plus diachroniques mais synchroniques,
apparaît bien au XIXe ce n est le cas qu au début de la seconde moitié
du siècle en Grande Bretagne et en Allemagne et, plus tard encore, en
France (1874) ; cela souligne combien cette discipline est plus un
produit de cette nouvelle culture occidentale de la complexité qu une
démarche initiatrice, ce qui n ôte rien à son importance ultérieure (à
la frontière des sciences de la nature et de l homme il est possible de
faire la même remarque à propos de la psychologie freudienne).
Cette émergence de nouvelles représentations et disciplines, bouleverse
profondément à partir de la fin du XIXe siècle, les concepts et enjeux
des musées, en particulier ceux des musées scientifiques. Pour la
communauté scientifique à l Suvre dans les musées d Europe et des
Amériques, il s agit à la fin du XIXe siècle de ne pas mettre en péril
les grands instruments scientifiques que constituent ces institutions,
par des expositions dont la scénographie désorganiserait le rangement et
la conservation des collections. Mais, dans le même temps les actions de
diffusion et vulgarisation sont ressenties comme indispensables tant
pour propager les nouveaux concepts d évolution, d écologie& que pour
éviter un isolement de la communauté scientifique vis-à-vis de la
société. Ce dilemme  maintenir l outil de recherche des collections et
organiser des expositions- trouvera une solution dans la création du
concept moderne de musée qui dissocie l espace muséal en réserves
(désormais du domaine des seuls spécialistes) et de galeries
d expositions où ces mêmes spécialistes tiendront un discours à l usage
de la société en créant parfois des formes d expositions, comme les
panoramas et dioramas, particulièrement efficientes pour les thèmes
environnementaux (Van-Praët, 1989, 1994. Wonders, 1993).


Patrimoine naturel, musées et montée du concept de patrimoine intangible.
De ce point vue, l émergence des concepts de l écologie, mais plus
largement de toutes les disciplines scientifiques s intéressant à
l étude des processus à partir du XIXe siècle, est fondatrice de la
constitution de l image actuelle du musée. Au-delà de la dichotomie du
musée (institution de recherche et de mémoire/ lieux de communication et
d exposition), ce qui se pose du même fait depuis un peu plus d un
siècle, aux professionnels des musées et du patrimoine c est comment
passer des principes relativement maîtrisés de conservation et
exposition de traces matérielles (spécimens naturalisés, fossiles,
instruments, oeuves &) à ceux, encore aujourd hui en élaboration, de
conservation et de présentation de processus naturels, culturels,
techniques& relevant de l intangible.
En d autres termes, ce qui se joue ainsi depuis la fin du XIXe siècle,
c est la prise en compte, à côté du patrimoine traditionnel des musées,
du patrimoine intangible non seulement dans la sphère des musées
d ethnologie, d histoire& mais aussi de science et de technique .
La réflexion sur le patrimoine intangible ne peut se désintéresser d une
quelconque partie de ce qui relève de la conservation des processus et
phénomènes, seraient-ils à l origine strictement   naturels   comme la
migration d une espèce. Le patrimoine intangible inclut le culturel et
le naturel et, dans le culturel, comprend tous les actes de création y
compris la Science ; c est dire combien la muséologie contemporaine des
sciences et des techniques ne peut s abstraire de la réflexion et des
enjeux sur le patrimoine intangible.
En termes de conservation du patrimoine naturel, les parcs et réserves
ont tenté dès le XIXe siècle, de prendre en compte cette dimension, y
compris en France où les débats à l'Association française pour
l Avancement des Sciences AFAS, créée en 1872, montrent que cette
préoccupation suit de peu la création des premiers parcs en Amérique du
nord et est bien antérieure à la création des parcs nationaux par la loi
du 22 juillet 1960 et à celle des écomusées (à paraître). Pour partie,
les Centres de sciences relèvent à partir des années 1930 de la même
volonté de présenter le patrimoine intangible que constitue la création
scientifique, dans ce que Perrin (1937) définit à propos du Palais de la
découverte comme des   Anti-Musées   pour les différencier des lieux ne
montrant que des objets et résultats et non une science en train de se
faire.
Après un siècle, la réflexion sur la capacité des musées à participer à
la conservation, à la mise en valeur et la diffusion du patrimoine
intangible apparaît au cSur des débats des professionnels avec la
conférence générale de l ICOM à Séoul en 2004, sur ce thème. L ICOM a
progressivement intégré dans sa définition du musée   les sites et
monuments naturels, archéologiques et ethnographiques (&) les centres de
sciences et planétariums (&) les réserves naturelles   et vient en 2001
(lors de sa conférence générale à Barcelone) d ajouter   les centres
culturels ayant pour mission d aider à la préservation et la gestion des
ressources patrimoniales tangibles et intangibles (patrimoine vivant)  .
Il demeure que l expertise acquise depuis le XVe siècle en matière de
conservation de la culture matérielle et du patrimoine tangible, doit
être complétée de nouvelles pratiques et compétences en matière de
documentation et de conservation de l intangible. La tendance qui
consiste à rapprocher les concepts de patrimoine intangible, de ceux de
  nouvelles techniques d information et de communication   et de musée
virtuel est par trop simplificatrice et vient d être justement dénoncée
(Deloche, 2001). Quelle que soit la richesse des techniques
contemporaines d information et de communication, il convient de
distinguer la documentation du patrimoine intangible de sa conservation
proprement dite ; cette distinction nécessaire n est pas sans évoquer
celle que les musées ont déjà eu à préciser entre conservation de traces
matérielles et conservation des processus qui les génèrent.

Diffuser l intangible, éviter le scientisme et introduire au savoir qui
se crée.
Sous des formes diverses, les musées d histoire naturelle à travers
leurs expositions, les parcs naturels avec leurs sentiers de découverte,
maisons de parcs, centres d interprétation&, et pour partie les
écomusées, tendent à optimiser les actions de diffusion et de
vulgarisation en vue de la conservation du patrimoine naturel. En termes
d animation, les concepts d interprétation sont ainsi devenus
prépondérants dans les parcs (Tilden, 1957). Dans le même esprit, mais
plus récemment les Centres de sciences constituent une réponse à la
volonté de diffusion de ce patrimoine intangible que sont les créations
scientifiques et techniques et, en termes d animation, la démonstration
et l interactivité s y sont développées de manière innovante.
La mise en Suvre d expositions fondant leur spécificité sur la
démonstration d expériences scientifiques comme dans le pavillon créé en
1937 à Paris dans le cadre de l'Exposition Internationale   Arts et
Techniques dans la vie moderne   et pérennisé à partir de 1938 comme
Palais de la Découverte   constitue ainsi un modèle reconnu. Le
développement de l'interactivité dans les expositions des Centres de
sciences comme l'Exploratorium de San Francisco et le Centre des
Sciences de l'Ontario, à Toronto, créés à la fin des années 1960 est y
compris devenu un modèle d animation qui a influencé l ensemble des
musées de sciences et de techniques même plus anciens.   En faisant du
musée un lieu de médiation des connaissances, sollicitant la
participation active du visiteur, volontairement situé au centre du
dispositif, [ces musées] ont imposé une vision et révolutionné la
pratique de la muséologie scientifique   (Schiele, 1997). Sans débattre
de l intérêt et des limites de l interactivité dans les processus
d acculturation aux sciences et techniques, il convient de noter que par
un glissement non exprimé, la modernité liée à l entrée du patrimoine
intangible dans la muséologie des sciences, a imposé sans prendre la
peine d en démontrer l intérêt le modèle participatif dans la diffusion
des sciences et cela en influençant toutes les démarches de diffusion
des sciences dans le monde muséal.
Il ne s agit pas de définir les limites, atouts et intérêts de la
démarche participative vis-à-vis de l immersion ou de la mise à
distance. Notre expérience de concepteur d exposition nous convint que
la réussite d une exposition repose avant cela sur la mise en place
d une trame de conception où le développement des contenus et la forme
(selon une trame narrative et scénographique) peut combiner plusieurs
des démarches ci-dessus, selon un rythme, qui n est pas sans analogie
avec une partition musicale, où se succèdent et alternent références
connues, surprises et éléments plus exigeants tant au niveau du contenu
que de la forme.
Notre propos est seulement de souligner que le mode participatif et
interactif de médiation est plus pertinent vis-à-vis de certains
contenus que d autres et que de ce fait son usage exclusif tend à
fausser ce qu est la science. L analyse des six grands thèmes présentés
au Palais de la Découverte à Paris (Astronomie et astrophysique ;
Physique ; Mathématiques ; Chimie ; Géosciences ; Sciences de la Vie)
montre comment le thème   Physique   propose aux visiteurs de 30 à 40
démonstrations, nombre qui n est atteint par aucun autre thème. La même
analyse des thèmes offerts à l Exploratorium de San Francisco confirme
les potentialités de la physique dans une muséologie de l interactivité,
auxquels s ajoutent dans les sciences de la vie essentiellement les
thèmes relevant de la biologie sensorielle. Mais, et cela est un cas
général pour les expositions scientifiques fondées sur la participation
du visiteur, des pans entiers de la science, en fait la majorité d entre
eux, ne figurent pas, ou ne sont évoqués que sous des formes non
participatives. L usage d analogies (voire de métaphores) donne alors
accès à un contenu qui demeure formellement un discours préenregistré et
plus ou moins habillement mis à disposition en mimant une démarche
d interrogation sur des supports techniques dont l interactivité n est
que physique.
Quelle que soit l importance d imaginer de nouvelles expériences
participatives pour aider à la mise en valeur de ces composantes du
patrimoine intangible où la muséologie des sciences a des
responsabilités particulières (le patrimoine naturel et la création
scientifique), il convient de prendre pleinement conscience des
tendances scientistes induites par l usage de la seule démarche
participative et interactive.
En d autres termes lorsque Davallon et al. 1992 (p.20) déclarent à
propos de l écologie que   le musée n a pas coutume de traiter des
sujets qui appartiennent au présent   il s agit de ne pas confondre la
nécessaire diffusion et mise à voir d un savoir en train de ce faire
avec une démarche d animation ou d exposition seulement basée sur
l interaction visiteur/expôt , voire même visiteur/démonstrateur. Il est
essentiel aujourd hui de ne pas faire croire que la découverte est un
processus rapide, voire aisé, que toute manipulation débouche sur un
résultat intelligible & des pans entiers de ce patrimoine intangible
qu est la création scientifique ne relèvent pas du temps de la visite
d une exposition et de l arrêt devant un expôt. De même cet autre
patrimoine intangible qu est le patrimoine naturel relève de phénomènes
temporels sans commune mesure avec la visite et de phénomènes spaciaux
où les concepts d action et sensibilisation locale sont insuffisants à
traiter du global.

De même que l entrée du patrimoine intangible a profondément restructuré
l institution muséale, en transformant les musées de sciences, en
induisant largement la création des Centres de sciences et des parcs
naturels, pour ne considérer que le seul domaine de la muséologie des
sciences, il convient aujourd hui de dépasser les formes actuelles de
médiation.
Sans exclure les expôts et animations participatives il convient
d éviter les dérives scientistes qui, à l encontre des objectifs
annoncés de certaines expositions et animations, falsifient la Science
(Van-Praët, 1999) et ne font qu accroître la déception du visiteur
doublement culpabilisé par les effets d annonce sur le plaisir de
manipuler et de comprendre ; il ne comprend parfois ni ne prend plaisir
ou prend plaisir sans comprendre, en nourrissant l illusion que s il n a
pas de plaisir dans l éducation formelle c est que l Ecole et/ou
l enseignant sont fautifs.
Les expositions scientifiques, les musées, les parcs ont à mobiliser la
participation, l émotion et l esthétique, dès lors que cela permet de
mettre chaque visiteur en meilleure situation d attention. Ils ne
peuvent pas par contre se satisfaire de mise à voir des seuls domaines
perceptibles dans le temps de la visite.
Plusieurs voies sont à développer sans craindre les critiques des
tenants de la médiation de l interactivité :
- oser dire que le patrimoine de la création scientifique est plus vaste
que ce qui est exposé et que le patrimoine naturel n est pas soumis
qu aux seules interactions d ici et d aujourd hui,
- ne pas renoncer aux compétences issues de plusieurs siècles d usage
des objets dans la muséologie des sciences pour expliciter la fonction
des objets en collections, des espèces préservées& comme référents non
seulement d un savoir passé mais d un savoir qui se fait,
- oser l émotion et prôner l effort (qui ne s oppose pas au plaisir)
pour protéger y compris les patrimoines intangibles qui relèvent de la
muséologie des sciences.



Bibliographie

Davallon Jean, Gérald Grandmont et Bernard Schiele, 1992.
L environnement rentre au musée. Lyon : Presses Universitaires de Lyon,
206 p.
Deloche Bernard, 2001. Le Musée virtuel. Paris : PUF éd. 265p.
Perrin J. (1937). - Préface du Rapport général de l'exposition
internationale de 1937. Paris.
Schiele Bernard. 1997.   Les musées scientifiques, tendances actuelles
 , Musées et Médias, pour une culture scientifique des citoyens (dir.
André Giordan), Genève, Éd. Georg.
Tilden Freeman, 1957.   L interprétation de notre patrimoine  ,
traduction française :Vague. Une Anthologie de la muséologie nouvelle
(dir. André Desvallées). 1992. Editions W.
Van-Praët Michel, 1989.   Contradictions des musées d'histoire naturelle
et évolution de leurs expositions  . Faire voir faire savoir(dir.
Bernard Schiele). Québec : Musée de la Civilisation éd. p.25-34.
Van-Praët Michel, 1994.   Les expositions scientifiques   miroirs
épistémologiques   de l'évolution des idées en sciences de la vie  .
Bulletin d'Histoire et d'Épistémologie des Sciences de la Vie, 2 , p. 52-69.
Van-Praët Michel, 1999.   Aspects of learning in the natural history
museum. Or, are all visitors disabled in science  . Art Bulletin of
Nationalmuseum, 5, p. 131-136.
Van-Praët Michel et Cécile Fromont, 1995.   Eléments pour une histoire
des musées d'histoire naturelle en France  . Musées et Recherche. Dijon
: OCIM éd. p. 55-70.
Wonders Karen , 1993. Habitat diramas. Illusions of Wilderness in
Museums of Natural History. Uppsala : Acta Universitatis Upsaliensis.
Figura Nova Series 25. 263p.

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